Alvise Sinivia
PerformancePianiste, improvisateur et performeur, ses multiples rencontres avec des artistes de tous horizons jalonnent son parcours (danseurs, chorégraphes, circassiens, vidéastes, peintres et plasticiens). Musicien curieux et constamment en recherche, il renouvelle en permanence son rapport à l’instrument dont il expérimente depuis plusieurs années les paradoxes et limites sonores et physiques. Formé au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris auprès de Alain Planès et Emmanuel Strosser, il y fait de nombreuses rencontres qui nourrissent sa musique. Engagé dans la création, il collabore régulièrement avec des compositeurs et participe à l’Orchestre de Nouvelles Créations, Expérimentations et Improvisation Musicales. Fondateur et directeur artistique du collectif WARN!NG, il est aussi à l’origine de différents projets avec les musiciens de sa génération dont le duo Widmung avec le hautboïste Olivier Stankievicz.
Il est pensionnaire à la Villa Médicis durant la saison 2016/2017. Son séjour à la Villa Médicis est l’occasion pour Alvise Sinivia d’approfondir et questionner le rapport entre le mouvement et le son et par extension entre le corps et l’instrument. Il souhaite ainsi développer un corpus de gestes sonores en travaillant en parallèle sur une nouvelle forme de notation de ce langage. Il adapte et transforme son instrument afin d’appréhender cette interface, qu’est le piano, de manière globale et d’impliquer le corps tout entier. En considérant le geste comme point de départ de l’écriture du son il réalise un cycle de pièces-performance protéiformes en collaboration avec d’autres artistes.
Cordes à vides
“En 2008, une douleur persistante dans mon majeur devint source d’ennuis, et ne pouvant jouer comme auparavant ma main trouvant mille subterfuges se contorsionna pour toujours actionner les touches du piano ; mais d’une manière étrange. Rapidement, mon coude se fit musicien, puis le bras, l’épaule, tous voulurent s’exprimer. Mon membre supérieur gauche jaloux de cette liberté imita bientôt son homologue – peu à peu mes jambes, mon thorax, mon bassin entrèrent dans la danse et cette manière d’aborder le piano fut une nécessité”.
De ce corps à corps avec son piano naît une pratique nouvelle chez l’artiste. Le mouvement prend une place centrale dans les dispositifs autant sonores que scénographiques et chorégraphiques imaginés par Alvise Sinivia. Ainsi, il démantèle des pianos abandonnés glanés ici et là, ne gardant que les tables d’harmonie pour les transformer en purs corps résonnants. Liées par des fils de nylon, les cordes ne peuvent émettre un son par elles-mêmes, cependant la vibration de l’une entraîne indéfectiblement la corde soeur d’un autre instrument éloigné de plusieurs mètres. Evoluant dans cet espace arachnéen, Alvise se déplace le long des fils, les frotte, pince et touche pour trouver des nouvelles manières de lier mouvement et son. Une manière insolite de réinventer son rapport à l’instrument tout en modifiant l’écoute et la perception du son pour les spectateurs.