Keita Matsumiya

Composition musicale

Né en 1980 à Kyoto au Japon, Keita Matsumiya obtient un Master en installation sonore à l’Université des Arts de Tokyo et deux Prix de composition et d’analyse musicale au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il poursuit ses études auprès de Frédéric Durieux, Gérard Pesson, Luis Naon, Michael Levinas et Claude Ledoux. Il participe au Cursus 1 de composition et d’informatique musicale à l’Ircam ainsi qu’à la formation de composition du Centre Achantes. Il est le lauréat de plusieurs concours tels que Takefu Composition Award 2010 au Japon, le concours Destellos 2015 en Argentine. Son catalogue s’étend de la musique instrumentale-vocale à la musique mixte et électroacoustique. En 2015, il reçoit une commande de la compagnie de danse Butoh, Dairakudakan à Tokyo pour l’écriture d’une pièce électroacoustique de scène intitulée ASURA, et en 2017, une commande de l’Ensemble Regards à Paris avec le soutien de la SACEM pour KARURA, son projet chorégraphique-musical. Ses œuvres ont été jouées par l’Orchestre National de Lorraine, l’Ensemble TIMF, Camerata Stravaganza, Musica Universalis, l’Ensemble Regards, l’Orchestre des Lauréats du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, entre autres, et présentées lors de Festivals de renom tels que : Festival Mixtur à Barcelone, Festival Klangspuren à Schwaz, l’Académie internationale de saxophone de Bretagne, Festival international de musique de Tongyeong, Festival international de musique de Takefu, Tokyo Wonder Site, Festival Ars Musica à Bruxelles.

“Notre perception du temps dépend de la manière avec laquelle notre concentration se fixe. Parfois, il arrive que notre concentration se trouve limitée par des phénomènes de la nature. Les phénomènes du moment, qu’ils se produisent en un clin d’œil, ou au contraire dans la durée de vie d’une planète, restent alors difficiles à saisir. Ainsi, une rosée, lorsqu’elle se dépose sur la surface d’une feuille, peut-elle être encore perçue clairement par notre vision ? Il est difficile d’en saisir le mouvement. J’imagine donc, comment la rosée s’aligne sur les veines de la feuille jusqu’à sa chute : les reflets de la rosée, la forme des veines de la feuille dans le vent, le volume de la rosée, la densité suffisante l’amenant à se déposer sur la feuille. Après le dépôt de la rosée, tout va rentrer dans l’ordre, et il ne restera que de légers tremblements sur la feuille. À travers l’écriture de mes compositions, j’essaye de créer, la perception d’un temps comparable à l’instant de vie d’une goutte de rosée sur la feuille.

À travers le jardin zen japonais, le son s’entend par le dispositif sonore historique, Suikinkutsu, littéralement « koto grotte de l’eau ». Il s’agit d’un instrument de musique qui est un type d’ornement du jardin japonais qu’il se compose d’un pot à l’envers enterré vers le bas avec un trou au sommet. Des gouttes d’eau à travers le trou en haut sur un petit bassin d’eau à l’intérieur du pot, créant un bruit de cascade agréable qui sonne à l’intérieur du pot semblable à une cloche ou une cithare japonaise koto.

Par ailleurs, le son de cloches est l’un de premiers paysages sonores dans notre vie puisque l’on l’entend partout dans des villes. C’est là que j’ai retrouvé un modèle commun dans l’histoire de musique entre France et Japon. En France, s’avère un axe traditionnel basé sur la tentative de Jean-Philippe Rameau pour le classement de l’harmonie et le phénomène vibratoire, qui a servi à la représentation du son de cloches dans la musique. Après ses recherches sur la nature de l’harmonie, les compositeurs d’aujourd’hui se les approprient, en prenant toujours comme modèle le son des cloches, avec la syntaxe du langage musical de leur temps — motifs, espace, temps et acoustique.

Autrement dit, ils se plongent dans une réflexion sur le phénomène de transition entre l’impact et la vibration sympathique dérivé d’attaque et l’application de cette morphologie à l’écriture d’instruments. C’est une modalité musicale, ou une relation de cause à effet, autour du phénomène de l’attaque-résonance, de l’anacrouse de bruit, de l’écho dérivé d’attaque, de la vibration et du balancement itératif. Je tente donc d’explorer le micro-cosmos dans le phénomène d’attaque-résonance, en pro tant des outils informatiques de synthèse sonore qui permet d’intégrer dans mon écriture musicale les sons d’extérieur de la nature, tels que le son des cloches à l’église ou Suikinkutsu de jardin zen.”

 

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